Envoyé Spécial, magazine TV d’investigation
Envoyé Spécial : magazine télévisuel dédié au journalisme d’investigation
L’histoire d’une émission d’information réaliste
Inspiré du succès et de la demande des premiers journaux TV qui entrent en scène dès 1949, Envoyé spécial est centré sur l’investigation. Dès 1987, France télévision et, à l’époque, Antenne 2, souhaite ainsi mettre en lumière des sujets d’actualité. Traités plus en profondeur, ils sont présentés avec le point de vue d’un journalisme spécifique. Le premier format baptisé Édition spéciale ne remporte pas l’adhésion des spectateurs. Le principe en est donc revu et amélioré. Imaginé par Paul Nahon et Bernard Benyamin, Envoyé spécial qui sort sur le petit écran en 1990. La programmation est régulière et en première partie de soirée. Suivant la ligne professionnelle des journalistes d’investigation, l’émission ne connaît aucun sujet tabou. Les thématiques abordées sont approfondies, présentent plusieurs points de vue et différents acteurs. La réalité des faits et leur exactitude est le moteur déontologique de ce magazine d’investigation qui se veut plus indépendant de l’audimat. Le respect de cette ligne de conduite explique le succès d’envoyé spécial tout comme sa longévité. Les récompenses valent la saine concurrence avec les émissions de variété diffusées simultanément. Les journalistes reporters reçoivent les prestigieux prix Albert Londres et autres 7 d’or de la télévision française.
Un succès continu depuis trente ans
Les deux créateurs de l’émission se relaient pour la présenter jusqu’en 2001. Ils passent ensuite la main à un autre duo, Françoise Joly et Guilaine Chenu. Depuis 2016, une seule tête d’affiche présente Envoyé spécial, Élise Lucet. Tout au long de son existence, le magazine d’information met en avant la compétence des journalistes de terrain qui en sont le visage public. La première émission est divisée en trois reportages portant sur l’Azerbaïdjan, la Roumanie et le Chili. L’originalité tient aussi au travail d’un réalisateur de fictions qui porte un regard réaliste. Plus proche du public, plus poignant qu’un froid constat de flash info, le succès est immédiat. Le principe tourne autour de cette même formule durant dix ans mais évolue vers des enquêtes longues. Il ne fut pas rare que pour une émission d’à peine une heure, les reporters travaillent durant une année sur le terrain. Le changement d’équipe dans les années 2000 est d’abord féminin et gagne en audace. La réalité frappe même les téléspectateurs lors de certaines émissions axées sur les talibans ou le scandale de la vache folle. Élise Lucet embraye aisément sur ce ton qui accentue le caractère véridique et s’étale ensuite sur deux heures.
La force du professionnalisme : les journalistes d’investigation
Producteurs, présentateurs et journalistes, toutes les têtes d’affiche désignées par France télévision pour animer Envoyé spécial connaissent leur domaine. La maîtrise des différentes casquettes du journalisme est en effet un grand atout pour tenir les rênes de ce programme. La variété des thèmes traités en fait foi. Depuis 1990, les records d’audience démontrent la qualité d’Envoyé spécial : les enfants d’Haïti, le Kosovo, l’Algérie, la prostitution enfantine, le bégaiement, Drancy, Charlie Hebdo, le djihadisme français, Pénélope Fillon, Amazon, Pôle emploi, les forces de l’ordre en France, les femmes de Kaboul, les grèves, le squatt, le fast food, etc. La force de ce programme réside dans son audace, son éclectisme, son réalisme et sa déontologie. C’est un journalisme vécu au plus près des acteurs de chaque sujet abordé. Il en résulte des critiques mais aussi une reconnaissance de la part des spectateurs qui l’expriment par leur fidélité. Beaucoup d’entre eux estiment qu’une telle émission permet d’ouvrir les yeux sur des vérités cachées ou ignorées car éloignée de leur quotidien. Le rôle du journaliste d’investigation s’y trouve pleinement rempli. À tel point que trois d’entre eux, Véronique Robert, Stéphan Villeneuve et Bakhtiyar Haddad, y ont laissé leur vie en 2017, lors d’un reportage à Mossoul.
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